« Petite rencontre sympathique »
Malik & Vinzent - 10 Mai 1998 David Parker était un homme qu’on qualifiait de redoutable. Il avait bâti sa fortune à partir de la petite entreprise de BTP que son père lui avait légué et était maintenant un homme d’affaire puissant de Londres. Le nombre de bâtiments, appartements, restaurant, commerce qui étaient à son nom dans la ville mais aussi à travers tout le pays, faisait des jaloux. Un homme riche donc, mais pas que. Il était surtout connu pour être impitoyable. Son argent, il l’avait fait fructifier par tous les moyens. S’il devait effrayer les habitants d’un petit immeuble pour les faire déménager, il n'hésitait pas à engager des individus dangereux pour les menacer. La loi n’avait pas d’emprise sur lui car son argent lui permettait de s’offrir l’amitié des partis les plus influent.
Mister Parker s’installait donc confortablement sur une fortune de plusieurs millions et ne comptait pas s'arrêter là. La richesse était un objectif sans limite pour lui. Il n’avait jamais été réellement pauvre même s’il vivait plus modestement en étant enfant. Pour rien au monde il ne reviendrais à cette époque. Quand un journaliste lui faisait remarquer qu’il aurait pu faire des dons à des oeuvres caritatives, il se contentait de faire en sorte de faire supprimer la question de l’interview en menaçant le journaliste. Cet argent, il l’avait gagné, il avait travaillé dur pour l'acquérir, il n’allait certainement pas le partager avec des voleurs qui n’avait jamais rien fait de leurs vies. Si les gens étaient trop bête pour continuer d’entretenir tous ses parasites, c’était leur problèmes, pas le sien. Si les pauvres n’avait pas de quoi se nourrir ou d’avoir de l’eau potable, c’était comme ça. La vie était injuste et ce n’était pas à lui de réparer ses préjudices. Les catastrophes naturel, c’était le même topo, ça ne le concernait pas. Quant aux associations pour la protection des animaux ou de l’environnement : c’était un complot de ces même bons à rien qui faisait tout pour extorquer l’argent des honnêtes travailleur comme lui.
Cette nuit là, il était dans son penthouse principal en plein coeur de Londres. La nuit était déjà bien avancé et il s'apprêtait à aller se coucher. Il avait passé la soirée à l’extérieur et était rentré il y a un peu plus d’une heure pour finir quelques papiers. Avant de quitter son bureau, il s'arrêta pour regarder un instant le tableau qui abritait son coffre fort, un mince sourire aux lèvres. Il sortit de sa contemplation en entendant des coups sur la porte d’entrée. C’était très bizarre. L’étage lui étant entièrement réservé, l'ascenseur ne menait au dernier niveau que pour les possesseur d’une clé spécifique. Ladite clé n’étant possédé que par très peu des proches de David, celui ci se demandait bien laquelle de ses connaissances pouvait venir le trouver au milieu de la nuit. C’est donc contrarié qu’il se dirigea vers la porte d’entrée. Il eut tout juste le temps d’ouvrir la porte qu’un coup fort le fit s'évanouir sans qu’il ait eu le temps de reconnaître son “invité”.
C’est environ une heure plus tard que David se réveilla allongé sur son lit. Il ne se sentait pas très bien et il voulut porter une main à son front mais à peine avait-il bougé le bras qu’une douleur fulgurante se manifesta dans celui-ci. Il porta ses yeux à son bras et remarqua deux entailles assez large et profonde mais ce n’était pas le plus effrayant, il semblait qu’on avait glissé un objet rectangulaire sous sa peau avant de refermer l’entaille avec du fil. Qu’est ce que c’était que ce délire ? Qu’est ce qui se passait là ?!
C’est alors qu’il remarqua un homme assis non loin de la. Il portait des vêtements assez simples et des gants en cuir. Il avait l’air parfaitement détendu même si son visage n’exprimait rien. Visiblement c’était le responsable de tout ce bazar mais David n’avait pas le sentiment de l’avoir déjà vu. Il allait s'apprêter à parler mais l’inconnu le coupa juste à ce moment comme s’il avait su qu’il allait se mettre à parler.
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L’argent. C’est tout ce que tu aimes dans la vie. Tu as été prêt à laisser des gens dans la misère sans même un regard en arrière tout ça pour s'enrichire. Encore et encore. Tu as tellement d’argent aujourd’hui qu’il te faudrait plusieurs vies pour tout dépenser mais ça ne suffit jamais. Tu laisserais tes voisins mourir de faim sans même un regard. Toute cette fortune que tu as amassé n’a même pas de poids sur ta conscience… Vinzent laissa un soupire s'échapper de ses lèvres. Il avait du mal à croire qu’un homme puisse avoir aussi peu de scrupule à s’enrichir sur le dos des autres. Il ne lui demandait pas de donner tout ce qu’il avait bien évidemment, il savait se montrer raisonnable, mais partager un peu de sa fortune avec les autres…
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Je vais être bref. Je te laisse partir, tout ce que tu as besoin de faire, c’est te lever de ton lit et te diriger vers la porte, prendre l’ascenseur et tu es libre. Je ne chercherai pas à te stopper. Cependant, tu n’as que 5 minutes pour faire ça, compris ? Tout en parlant, il sortit de sa poche l’une des montres de luxe qui appartenait à David -putain le salopard lui volait une montre !-. Il s’approcha suffisamment pour lui montrer le chronomètre qu’il déclenchait. Le compte à rebours avait débuté. David ne comprenait pas du tout ce que c’était que tout ce délire mais il ne s’agissait pas d’un canular alors pas la peine de discuter. Il chercha donc à se relever mais la douleur qu’il avait ressentit dans son bras semblait être partout. Il lâcha un gémissement lourd devant toute cette douleur. Il était retourné dans sa position initiale sans pouvoir bouger. Tout son corps lui semblait si lourd et si douloureux. C’était donc ça le truc des cinq minutes ? Il ne pouvait pas bouger. Avant qu’il puisse parler, l’homme lui coupa de nouveau la parole.
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Non David, je n’ai pas triché. Tu es parfaitement en capacité de bouger, mais en effet ça risque de faire mal. Comme je te l’ai dit, tu vas porter le poids de ta fortune. David ne saisissait pas encore ce qu’il se passait. “Le poids de sa fortune” qu’est ce que ça voulait dire ? Que ce taré lui avait mit des poids sous la peau ? … Ses lingots. Il n’avait jamais eu confiance en les banques et avait toujours préféré entreposer la plus grande partie de ses fonds dans son propre coffre fort. Par praticité mais aussi parce que c’était cool, il avait converti la plupart de ses fonds en lingots d’or sachant que la valeur de celui ci variait très peu. Comment ce mec avait réussi à forcer son coffre ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir car l’inconnu lui montrait la montre. Déjà 40 secondes s’étaient écoulées et il n’avait toujours pas bouger.
La panique commença à s'immiscer dans l’esprit de David. Il fallait qu’il bouge, maintenant. C’était un gagnant, il avait déjà fait des concession pour parvenir là où il était. Il n’allait pas laisser un taré se la jouer à la Saw avec lui. L’homme d’affaire inspira profondément plusieurs fois, se préparant à la douleur à venir et en s’appuyant sur ses mains, il se redressa en position assise. Il hurla.
Chaque lingot pesait 1 kilo et il en avait au moins 8 sur le torse: quatre au niveau des pectoraux et quatre au niveau du ventre. Autant dire que 8 kilos d’or qui étaient soumis à la gravité et cherchait à rejoindre le sol en se déplaçant sous votre peau c’était douloureux. Surtout que les entailles de Vinzent étaient toutes fraîches.
David était têtu et il se força à ne pas baisser les bras. Ce n’était pas le moment de laisser tomber après un si gros effort. Dans une envie toujours plus grande de vivre, il jeta ses jambes en dehors du lit et parvient même à se mettre debout. Il n’eut pas le temps de se féliciter de son exploit que la douleur le fit s’écrouler au sol plus vite qu’il ne s’était levé. Chaque lingot bougeait à chacun de ses mouvements, entaillant un peu plus ses chairs sous sa peau. Il ne pouvait pas tenir les lingots pour les empêcher de se déplacer, il y en avait trop et partout sous sa peau. Ce qu’il pouvait faire, c’était peut-être les retirer de sous sa peau mais l’idée de devoir déchirer les points de sutures qu’il lui avait été fait et glisser sa peau sous sa propre peau pour retirer le lingot. Il avait déjà si mal, et il aurait dû faire cette opération tellement de fois pour enlever tous les lingots…
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Plus que 3 minutes David, dépêche toi. Connard. Comment se mec pouvait le regarder souffrir sans rien faire, sans l’aider ? Pire encore, comment pouvait-il infliger de pareil souffrance à quelqu’un ? David l’emmerdait ce type, il ne prit pas la peine de répondre et se décida pour la technique à employer pour arriver à sortir de chez lui : il allait ramper. Il respira encore une fois profondément avant de rouler sur le dos. Ce n’était clairement pas la façon la plus rapide de se déplacer mais il aurait moins mal comme ça. Il se donna du mal pour remonter ses jambes et commença à pousser en se tortillant au sol pour sortir de la chambre. L’opération lui arracha de nouveaux cris. A chaque fois qu’il bougeait les jambes, les lingots présents dans ses cuisses bougeaient. L’opération était lente cependant mais David se convaincu que c’était la douleur qui lui faisait paraître ce moment comme étant extrêmement lent. Il parvient à sortir de la chambre et à passer dans le séjour. Il lui suffisait de traverser cette grande pièce pour atteindre la porte d’entrée. Il saignait abondamment des jambes à travers les entailles partiellement refermée. Ses jambes tremblaient sous l’effort, la perte de sang et la douleur et il décida de se reposer un instant. Il était à bout de souffle alors qu’il n’avait parcouru que quelques mètres.
Vinzent s’était levé et avez suivi calmement l’avancé de David. Il devait reconnaître que l’humain se donnait du mal. Cela dit, le temps jouait contre lui et les efforts que fournissait le chef d’entreprise n’étaient clairement pas suffisant. Le vampire lui avait pourtant bien dit qu’il devrait porter le poids de son avarice. S’il ne se donnait pas la peine de marcher, il n’atteindrait jamais la porte de sortie…
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Il ne te reste qu’une minute pour parcourir deux fois plus de distance que ce que tu as parcouru pour l’instant David… David comprit le message, il fallait qu’il change de technique, vite. Il se donna beaucoup de peine pour se mettre debout, sur des jambes encore plus tremblantes qu'auparavant. Il ne faisait même plus attentions aux cris qu’il pouvait pousser. Il tenta de marcher en s’appuyant sur le mur mais tout son corps protester au moindre mouvement. Il sentait l’or bougeait sous sa peau à de nouveaux endroits de façon simultanée. Il avait l’impression qu’il entendait la chair se fissurer sous le poids des lingots et la sensation était insupportable. De gros larmes roulaient à présent sur son visage tandis qu’il avançait péniblement, pas après pas. Alors qu’il n’était plus qu’à une dizaine de pas de la porte d’entrée, il devait laisser le mur derrière lui et avancer sans soutien. S’il parvient à faire le premier pas seul, il s’écroula de nouveau au niveau du second pas.
La douleur était trop forte. Il saignait de plus en plus abondamment de chaque entaille et il ne pouvait simplement pas supporter ça plus longtemps. Il était épuisé, tout simplement. Il abandonnait. Il ne savait pas exactement ce que l’autre taré lui réservait mais il se disait que ça ne pouvait pas être pire que ce qu’il vivait maintenant. Il commença pourtant à parler à l’inconnu, à lui demander ce qu’il avait fait, à lui proposer de l’argent pour que tout soit oublié entre eux. Il promit de ne pas porter plainte et d’oublier cette histoire. Il demanda pourquoi il s‘en prenait à lui, s'excusa pour ce qu’il avait pu lui faire…
Vinzent attendit patiemment que le temps s’écoule comme il l’avait promis bien que David ait visiblement décidé de ne plus lutter et tenter à présent de marchander. Le prêtre le regarda simplement sans rien dire. Il se contenta de lui montrer le cadran de la montre qui indiquait très clairement que le temps était écoulé sans tenir compte des paroles de plus en plus désespérés de David. L’allemand n’était cependant pas satisfait. S’il l’avait vraiment voulu l’homme d’affaire aurait pu atteindre la porte mais il n’avait pas fait assez d’efforts, il s’était laissé à un jeu plus facile : le soudoiement. Malheureusement pour lui, ce genre de chose ne marchait vraiment pas avec l’allemand.
Vinzent attrapa donc par un bras l’homme et le tira sans ménagement vers le centre de la pièce. Il lui attacha les mains au dessus de la tête sans faire attention aux vociférations de plus en plus furieuses et apeurés de l’homme. David n’avait plus vraiment de forces et même sans ça, il n’aurait eu aucune chance face au vampire. Il l’obligea à se mettre debout en tirant sur ses bras. Il l’attacha ensuite au plafond en se servant des câbles qui soutenait précédemment un lustre. Vinzent avait préparé le terrain plus tôt lorsque David avait été inconscient. David pendouillait donc, assez lamentablement, dans son très chic salon. Il hurlait à présent de douleur maintenant qu’il devait subir la descente lente mais inarrêtable de l’or sous sa peau. Vinzent lui fourra un morceau de tissu dans la bouche car il était lassé de l’entendre geindre.
L'allemand finit par mettre fin aux souffrances de l’homme en s’abreuvant de lui. Il passa encore un peu de temps à camoufler toute la scène en une effraction particulièrement violente. Avant de partir, Vinzent glissa dans sa poche plusieurs liasses de billets qu’il donnerait à l’église proche de chez lui. Sans d’autre regard en arrière, il laissa la dépouille méconnaissable de David Parker.
C’est en rentrant chez lui que Vinzent se retrouva près d’une ville usine qui semblait depuis longtemps abandonné. Il avait l’habitude de se promener longtemps sans avoir forcément de but. Après tout, maintenant qu’il avait fait son travail et qu’il s’était nourri, il n’avait plus d’autre objectif pour la soirée si ce n’était passer le temps. Un bruit lui parvient de l’intérieur du bâtiment et il s’aventura dans l’usine. Ce n’était pas de la curiosité, c’était juste qu’il entendait un bruit provenant d’un endroit duquel on aurait pas dû entendre de bruit.
Il entendit alors un échange de voix. Un homme demandait à une femme de danser et elle n’avait pas l’air spécialement d’accord mais elle semblait le faire tout de même si on se fiait aux bruits de froissement de vêtements que Vinzent parvenait à capter. L’homme n’en était pas un d’ailleurs, il s’agissait d’un vampire tout comme lui mais bien plus jeune. Le prêtre s’était fait sentir lui aussi car l’inconnu s’adressa à lui.
- Toi aussi tu viens mater? Fais toi plaisir mon couillon, il y en a assez pour deux.Mon couillon ? Vinzent était scotché. Il n’avait pas l'habitude qu’on lui parle comme ça de manière général, mais de la part d’un compère aussi jeune par rapport à lui c’était complètement inattendu. Les vampires de son âge étaient plutôt rares et avaient tendance à inspirer un certain respect ou de la peur. Visiblement, le blond qui faisaient danser la jeune femme grâce à ses pouvoirs -parce que ça crevait les yeux qu’il était le responsable de ce spectacle- ne ressentait ni l’un ni l’autre.
Vinzent continua d’avancer calmement, analysant un peu la situation devant lui. Il vient se placer à quelques pas de l’autre vampire, les bras croisés sur son torse, une expression un peu dégouté sur le visage en regardant la jeune femme.
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Mater ? Non sans façon... J’ai été intrigué par le bruit. C’est un don assez fascinant que vous possédez là même si je n’approuve pas son utilisation. Pourquoi torturer la pauvre fille ? Il tourna son visage vers le blond et l’étudia rapidement. Il avait un style plutôt “mauvais garçon” mais Vinzent n’était pas du genre à juger quelqu’un sur son apparence.
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Je sais bien qu’elle n’est pas complètement innocente dans ce qui lui arrive mais elle semble avoir un bon fond. Il n’avait pas fallu longtemps à Vinzent pour sonder l’esprit de la jeune femme et il avait eu rapidement une idée des motivations qui l’avaient amené à suivre le vampire jusqu’à ce vieil entrepôt. Il avait aussi découvert qu’elle regrettait profondément son choix et qu’elle était complètement terrifiée par ce qui lui arrivait. Vinzent ne s’approcha cependant pas un seul instant des pensées de l’autre vampire, ça aurait été malpoli…